Comment  cette idée saugrenue surgit-elle ?

Ecrire un livre au milieu d’un tel bric à brac …

Quatre médecins.

Tout part de ces quatre personnages, rencontrés au fil de nos péripéties qui ont la particularité de ne pas se connaître et un jour m’ont dit : «Vous devriez écrire votre histoire …».

A l’annonce de mon diagnostic, certains symptômes me font peur. Vivre sans mémoire, sans concentration, pour une fille qui passe son temps à tout gérer, cela m’était intolérable. Par défi, sans conviction, je me lance dans ce projet très peu probable. Sans structure, sans colonne vertébrale qui promet une écriture cohérente, travail essentiel pour toute personne qui souhaite se lancer dans l ‘écriture, me voilà penchée sur une feuille, ma plume à la main, pour rédiger 4 chapitres …

Juste pour voir.

Sans confiance aucune, je les fais lire à Carole Pellouchoud que vous retrouvez dans les remerciements, qui étonnamment me dit : «Continue, tu as un style, on n'y touche pas, on va même l’accentuer !» Elle les corrige.
Je les ai lus, lus, lus… relus. J’ai beaucoup appris de ces corrections, ainsi que ses nombreux conseils pour démarrer.

Médicalement, je dois tenir un rythme de croisière, mais ralentir drastiquement mon rythme de vie. Mes résultats sanguins sont mauvais, je suis très très fatiguée déjà au réveil, la tête prise dans un étau, mais j’avance. Rien ne m’arrêtera.

1)    Je me lève comme une vraie maman à 6h45, tous les matins.
2)    Habillée, maquillée, coiffée, j’amène ma fille à l’école…
3)    Le jour qui suit, même chose, mais je monte à Villars pour les traitements de son frère.
4)    Je bois un café dans mon tea-room habituel et j’écris.
5)    Je rentre pour le dîner.
6)    Je m’écroule et dors 2-3 heures parce que ma journée est finie. Y a plus ! Suis vidée…
7)    Et pourquoi, n’ai-je jamais lâché prise ? Parce que dans les pourtours, contours, alentours, le jugement, les préjugés, la médisance allaient bon train. Personne ne s’est rendu compte qu’en les alimentant, ils nourrissaient une de mes plus vieilles citations :

« TOUT CE QUI NE TUE PAS, REND PLUS FORT »

Donc, il est né.
Petit à petit, entre des traitements toutes les 48 heures, les déplacements au CHUV,  les mêmes chez la pédopsychiatre, les entretiens avec notre avocat, encore une urgence hématologique au CHUV, tout en gardant une stabilité fragile, posée au milieu d’un quotidien que je souhaiterai tellement hyper stable.

J’imagine que je l’ai écrit trois fois. Tout à la main au départ, ensuite en le retapant, je changeais la moitié, idem en relisant ce qui sortait de l’imprimante. Certains chapitres ont été bien plus difficiles. S'en tenir aux faits, sans jugement, mais en respectant la VERITE, même en métaphore, elle est là.

A leur manière. Ce qu’ils veulent. Ce qu’ils ont connu. Ce qu’ils ont vécu avec nous, les personnes qui ont témoigné dans cet ouvrage ont toutes répondu favorablement à ma demande, sans réticence aucune. C’est la plus belle preuve de reconnaissance que l’on m’ait offerte. Ils savent TOUS combien leur geste m’a touché.

A un moment ou à un autre, je me devais d’arrêter. Donc, j’ai cessé l’écriture fin janvier 2014. Certaines personnes de mon entourage proche, en boutade, me disent que j’aurais déjà pu finir le tome no 2 à l’heure actuelle. C’est vrai. Mais l’Essentiel y est :

CHRONICITE  FATALITE  DENI  RESILIENCE

J’espère de tout cœur avoir pu, avec ce livre, aider des personnes incomprises, enchevêtrées dans des maladies omniprésentes, qui rongent et balaient tout sur leur passage, car elles ne sont pas seules.

« La vie n’est pas d’attendre que l’orage passe,
c’est d’apprendre à danser sous la pluie . »

Sénèque



Stéphanie Trisconi